La rentrée scolaire ramène le questionnement concernant la motivation des garçons face à l’école. Pour nous éclairer, nous pouvons, entre autres, utiliser la pyramide des besoins d’Abraham Maslow, le père de l’approche humaniste. Ce dernier explique la motivation par une forme de hiérarchie menant à la satisfaction des besoins humains en mettant de l’avant les qualités et les réussites individuelles. Abondamment utilisée, cette pyramide, qui n’est pas rigide mais plutôt fluide et dynamique, nous rappelle un essentiel à appliquer au quotidien pour soutenir la motivation des garçons.
Tout d’abord, lorsque nous observons le garçon qui est devant soi, nous pouvons nous questionner sur le niveau de satisfaction de ses besoins physiologiques : faim, soif, sexualité, respiration, sommeil, élimination. A-t-il déjeuné ce matin? S’est-il hydraté convenablement au cours de la journée? Est-il préoccupé par son identité sexuelle et les enjeux qui s’y rattachent? A-t-il bénéficié d’un sommeil réparateur d’au moins neuf heures, sans distraction et sans interruption? J’attirerais également votre attention sur l’activité physique. Compte tenu des nombreuses recherches portant sur les bienfaits de l’activité physique sur les fonctions cognitives, il est pertinent de se demander si le jeune a suffisamment bougé au cours de la journée (60 minutes par jour). Pour plusieurs garçons, le besoin d’être actif est aussi important que celui de boire ou de manger. Même s’il peut apprendre sans que ces besoins soient répondus à 100%, il demeure que leur satisfaction contribue à soutenir la réussite personnelle et scolaire des garçons.
Les garçons doivent également répondre à leur besoin de sécurité qui se retrouve en partie répondu dans un environnement stable, où la routine existe, où les situations imprévues et anxiogènes sont limitées. Pour réussir en contexte scolaire, l’environnement dont il est question est celui de la famille et de l’école. Est-ce que les parents ont mis en place une routine respectueuse des besoins et du niveau de développement de leur garçon? Est-ce que l’école offre un cadre de vie où le garçon connait les règles et les conséquences qui s’y rattachent? Est-ce que les environnements familial et scolaire travaillent de concert pour soutenir le développement du jeune?
Il y a ensuite les besoins d’appartenance et d’amour qui sont tributaires de l’affection que les autres nous prodiguent ou de celle que nous percevons recevoir. Des recherches démontrent que les mauvaises relations avec l’enseignant, parfois perçues et non vécues, peuvent conduire les garçons au décrochage. Comme les relations avec les adultes sont moins recherchées à l’adolescence, les relations avec les pairs deviennent prépondérantes. Ces relations sont positives lorsqu’elles contribuent à combler les besoins sociaux du jeune garçon. Toutefois, les relations entre pairs sont de nature moins profonde, moins durable et moins empreinte d’inconditionnalité. Il demeure donc nécessaire de conserver, comme parent et comme éducateur, une relation positive avec le jeune garçon. Ces relations doivent tenir compte des deux points de vue. Si, de notre côté, nous percevons la relation comme saine et positive, il est sage de ne pas négliger le point de vue du garçon avec qui nous avons cette relation.
Un autre besoin est celui lié à l’estime et à la reconnaissance, mais également teinté par la confiance et le respect de soi. Est-ce que le garçon a une image positive de lui-même? Croit-il qu’il a sa place dans ce monde? Se connait-il suffisamment pour respecter ses intérêts et ses besoins? Est-il en mesure de demander aux autres de le respecter? Comme adulte, nous tombons dans une part d’éducation cruciale au cours du développement de l’identité personnelle. Les garçons que nous côtoyons ont besoin de modèles d’adultes sains qui sont en mesure de prendre une place respectueuse dans la société. Nous avons également la responsabilité de nourrir leur questionnement sur leur propre identité? Que ce soit par le dialogue, les travaux, les réflexions, l’action, il est nécessaire de favoriser la satisfaction de leur besoin d’estime et de reconnaissance.
Finalement, le besoin d’accomplissement de soi permet aux humains de se réaliser. Cette réalisation peut prendre de nombreuses formes. La création d’une œuvre ou l’élaboration d’un projet qui lui tient à cœur permet au jeune garçon d’accéder à un état de bien-être important. L’engagement dans un milieu ou dans sa communauté aide le garçon à reconnaitre son utilité dans la société et à trouver le sens qu’il accorde à la vie, à sa vie. Le fait de participer à des activités de bénévolat, à des voyages culturels et à des échanges avec d’autres jeunes favorise l’ouverture sur le monde et la connaissance profonde de ses valeurs.
Et nous, comme parent, comme éducateur, l’accompagnement que nous offrons aux garçons est une opportunité pour parvenir, nous-mêmes à combler nos besoins et à nous accomplir comme humains.
Sommes-nous en mesure d’identifier les besoins des garçons que nous côtoyons et de nous assurer de favoriser leur satisfaction?